Un mur. Un jardin fleuri. Une piscine. Des enfants qui participent à un gouter d’anniversaire. Et puis ce mur. Ce mur qui délimite le jardin de cette famille allemande, c’est un mur du camp d’Auschwitz. La maison avec jardin, celle de Rudolf Hoss, commandant du camp, de sa femme Hedwig et de leurs enfants. « La Zone d’intérêt » propose de suivre la vie de cette famille. Ce film, écrit et réalisé par Jonathan Glazer, prend le parti intéressant de ne jamais montrer l’intérieur du camp. L’œuvre est un quasi-huit-clos dans la maison des Hoss. Glazer ne montre pas le massacre, ni les personnes déportés et internés. Le film ne nous montre quasiment pas de chambres à gaz, de travail forcés, de torture et d’exécutions. Cependant, il nous les fait entendre. Dans le calme paisible d’une vie qui semble en apparence tranquille, l’ambiance sonore est faite de cris, de fusillades, de personnes qui souffrent, et de machines. Le bruit continue des fours et des chambres à gaz qui tournent 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Les images sont faites d’une myriade de contrastes. Une foret sur fond d’une haute cheminée recrachant de la fumée. Rudolf Hoss, fumant près de sa piscine, durant la nuit. Derrière lui, une autre cheminée rejette flamme et fumée. Un enfant joue dans sa chambre tandis que l’on entend une personne se faire noyer dans le camp. Un gouter d’anniversaire et des enfants qui jouent dans la piscine, comme un moment bascule dans le film. Une scène qui met en lumière de manière crue ce que cherche à transmettre le réalisateur.
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